Corentin de Chatelperron low tech : un pionnier des solutions durables pour une énergie responsable

Corentin de Chatelperron : l’ingénieur-aventurier qui mise tout sur la low tech

Dans un monde où high-tech et innovations complexes font souvent la une, il existe une approche plus sobre, plus futée et, disons-le, plus humaine : la low tech. Corentin de Chatelperron s’inscrit comme l’un de ses plus farouches défenseurs. Ingénieur, aventurier, explorateur… ce breton atypique parcourt le globe à la recherche de solutions simples, durables et reproductibles, qui pourraient bien transformer notre manière de penser la technologie. Mais qui est-il, et pourquoi son approche peut-elle inspirer l’industrie énergétique de demain ?

Low tech : moins de consommation, plus de bon sens

Avant de plonger dans les aventures de Corentin, petit rappel : que désigne-t-on exactement par « low tech » ? Ce terme, souvent vu comme l’antithèse de la high-tech, ne signifie pas pour autant « technologie archaïque ». Il s’agit de systèmes techniques simples, accessibles, réparables, durables, et qui répondent à des besoins fondamentaux.

En d’autres termes, la low tech privilégie la sobriété fonctionnelle : faire mieux avec moins. Dans le contexte énergétique, cela peut se traduire par :

  • Utiliser des matériaux locaux et biosourcés
  • Mettre en œuvre des procédés de fabrication faciles à reproduire
  • Proposer des solutions énergétiques adaptées à des contextes variés (zones rurales, pays émergents, situations de crise)

Ça vous semble trop beau pour être vrai ? Attendez de lire ce qui suit.

Des voiliers aux laboratoires flottants : voyage à travers les « Nomade des Mers »

Corentin de Chatelperron ne s’est pas contenté d’un bureau d’étude à Paris pour réfléchir aux low tech. Il a préféré construire son propre bateau, le Gold of Bengal, fait en fibre de jute — un matériau local au Bangladesh — et partir en mer avec un objectif : prouver que vivre en autonomie avec des solutions low tech est non seulement possible, mais viable à l’échelle mondiale.

Lire aussi   Les tuiles solaires photovoltaïques : une intégration esthétique et efficace dans l’habitat durable

Son projet phare ? Nomade des Mers, une expédition inédite commencée en 2016. À bord d’un catamaran transformé en véritable laboratoire flottant, Corentin et son équipe parcourent le monde pour :

  • Tester des technologies low tech embarquées (désalinisation, cultures hydroponiques, traitement des déchets, énergies renouvelables…)
  • Rencontrer des inventeurs et makers locaux, souvent invisibles mais ô combien ingénieux
  • Documenter et partager ces savoir-faire via une plateforme open source appelée Low-tech Lab

Résultat : un tour du monde de la débrouille intelligente, où chaque escale devient l’occasion d’apprendre, de transmettre et d’inspirer.

Quand simplicité rime avec efficacité énergétique

Le rapport entre un voilier expérimental et l’industrie de l’énergie ? Bien plus étroit qu’il n’y paraît. Sur un bateau, chaque ressource est comptée. Chaque kWh produit par un panneau solaire ou généré en pédalant doit être utilisé à bon escient. Ce contexte restreint devient en fait un terrain d’expérimentation grandeur nature pour repenser l’efficacité énergétique.

Quelques exemples de technologies soutenues par Corentin et testées à bord :

  • Le four solaire Scheffler, qui atteint jusqu’à 400°C de cuisson uniquement grâce aux rayons du soleil
  • Le biodigesteur domestique, qui transforme les déchets organiques en biogaz pour la cuisson
  • La spiruline en culture, super-aliment produite avec très peu de ressources, idéale comme complément alimentaire
  • Le lombricomposteur, parfait pour gérer les déchets alimentaires tout en améliorant la fertilité des sols

Ces technologies ont un point commun : elles sont peu coûteuses, résilientes, et peuvent être adaptées localement. Une vraie leçon pour nos modèles centralisés ultra-dépendants d’infrastructures complexes.

Une philosophie utile à l’industrie

Il serait tentant de considérer les low tech comme une approche « alternativo-décroissante », éloignée des réalités industrielles. Ce serait une erreur. Plusieurs grands groupes commencent à s’intéresser à ces concepts, notamment dans le cadre de leurs démarches RSE (Responsabilité Sociale et Environnementale), et pour répondre aux enjeux de sobriété énergétique.

Lire aussi   Les panneaux solaires organiques : une révolution verte en marche ?

En effet, réduire la complexité technologique ne signifie pas réduire l’innovation. C’est une réorientation : optimiser les matériaux, limiter l’électronique superflue, valoriser le local, penser en cycles. Tout cela ouvre la voie à des modèles industriels plus robustes et plus agiles.

Dans un contexte où la tension sur les matériaux critiques s’intensifie, où les chaînes d’approvisionnement se dérèglent, où la demande en électricité explose… les low tech deviennent une réponse stratégique.

Repenser la formation des ingénieurs et techniciens

À travers ses expéditions, Corentin de Chatelperron milite également pour une nouvelle approche de l’éducation technique. Selon lui, les ingénieurs du futur devront autant savoir coder que réparer une pompe à main ou concevoir un système d’irrigation autonome.

Polyvalence, adaptabilité, esprit critique… voilà les compétences nécessaires dans un monde énergétiquement contraint. Cette vision résonne avec ce que nous essayons de promouvoir ici : allier innovation et pragmatisme pour une transition énergétique inclusive.

D’ailleurs, son réseau Low-tech Lab collabore déjà avec plusieurs écoles d’ingénieurs, Fablabs et collectivités territoriales pour favoriser l’expérimentation et la co-construction de solutions locales.

Et si les solutions venaient d’en bas ?

Une pompe à eau manuelle, un four en argile, un système d’arrosage goutte-à-goutte en bouteille recyclée… C’est simple, voire rustique, mais ça fonctionne. Et surtout, c’est à la portée de beaucoup de communautés isolées ou en situation de précarité énergétique.

C’est là que réside la véritable force des low tech : le transfert d’autonomie. Loin de dépendre d’experts ou de systèmes centralisés, les utilisateurs deviennent acteurs de leur énergie.

Cette approche change la perspective. L’utilisateur n’est plus un simple « consommateur » d’énergie. Il devient gestionnaire, réparateur, parfois même inventeur. Un changement de paradigme profondément stimulant.

Lire aussi   Les champions de la valorisation des déchets en milieu urbain

Une inspiration pour nos modes de vie

En partageant ses aventures et ses découvertes via des documentaires, des conférences ou les réseaux sociaux, Corentin propose également de nous interroger sur nos propres habitudes. Avons-nous vraiment besoin d’une climatisation connectée pour nous rafraîchir ? D’un sèche-linge ultra-électronique pour sécher nos vêtements ?

Souvent, des solutions simples — un rideau thermique, une aération bien pensée, ou même… des horaires adaptés — suffisent à faire la différence.

Et si adopter une démarche low tech chez soi, dans son jardin, au bureau ou dans son entreprise, permettait à la fois de :

  • Réduire sa dépendance énergétique
  • Faire des économies durables
  • Sensibiliser son entourage par l’exemple

Le changement commence parfois avec une étagère à fabriquer soi-même, ou un lombricomposteur dans la cuisine.

Un avenir sobre, mais pas triste

Contrairement aux discours anxiogènes sur la transition énergétique, la démarche de Corentin de Chatelperron est résolument optimiste. Il s’agit de trouver de la joie, de la créativité et du collectif dans l’expérimentation de nouveaux modes de vie. Le tout avec une bonne dose de débrouille, et beaucoup de partage.

Finalement, ce que Corentin nous rappelle, c’est que la technologie n’est pas une finalité, mais un moyen. Et qu’en matière d’énergie, il n’est pas indispensable d’ajouter toujours plus de couches techniques pour avancer vers un avenir soutenable.

Parfois, il suffit de lever les yeux, de tendre l’oreille, et d’écouter ce que dit le vent. Surtout quand on est en mer, sur un catamaran zéro déchet, quelque part entre deux mondes.